Les passeurs – deuxième guerre mondiale

source: Thierry Vivier
adapté: Famille Auger

L’Indre-et-Loire, département frontière entre zone occupée et zone dite libre, est coupée en deux par la ligne de démarcation, étroitement surveillée d’abord par la Wehrmacht, puis par des douaniers allemands.
On ne pouvait franchir la ligne qu’avec un Ausweis délivré par les autorités occupantes.
La première forme de Résistance consiste à passer ou faire passer la ligne de démarcation clandestinement.

De nombreuses filières de passages voient le jour.

Au début, on passe relativement facilement à Bléré ou Ligueil, mais la surveillance s’accroît et il faut ruser pour franchir la ligne.

Il y a beaucoup de passeurs bénévoles, mais aussi des passeurs intéressés qui travaillent pour de l’argent et certains abusent de leurs clients éventuels, les livrant aux Allemands. Il serait trop long d’établir une liste de ces hommes ou de ces femmes qui, courageusement, exposent leur vie pour venir en aide aux traqués, aux poursuivis, aux prisonniers de guerre évadés, aux Juifs, aux résistants qui veulent échapper à la Gestapo.
Bornons-nous à quelques exemples : Georges Chancy est un industriel en parfumerie. Il réside à Saint-Symphorien. Le voici devenu non pas passeur, mais orienteur, aiguilleur des gens désirant passer en zone libre. Usant de ses relations commerciales que sont les coiffeurs, Marcel Chailleux à Esvres, Moncelet à Langeais, Desnoues à Orbigny, mais aussi Maurice Nivelle, cultivateur à Vallères, il adresse ses protégés vers ses clients qui réussissent à franchir la ligne par leur intermédiaire.
Cet exemple mérite d’être cité, révélant ainsi qu’une forme de Résistance naît à partir d’un maillon professionnel. Bien évidemment, ceux qui pratiquent le franchissement de la ligne clandestinement sont ceux qui habitent sur la ligne même ou à proximité.
Ainsi, les médecins disposant d’un Ausweis, les prêtres, les instituteurs, les paysans favorisent ou aident à passer en zone libre tous ceux qui aspirent à la liberté.

Rappelons l’action efficace de passeurs à Ligueil, tels le docteur Voisin, Claude Prat, Fernande Mary.
Dans le sillage de l’abbé Péan, de Marie Thérèse de Poix et de la famille Goupille, des enthousiastes, des généreux, des intrépides, des patriotes, ce sont Robert Marquant, de Turma-Vengeance, Lucien Marchelidon, Jacques Touzalin, le boucher Rentien, l’instituteur Serge Brunet, de Cussay, qui ont tous été courageux et dévoués, et bien d’autres.

Des gendarmes et des officiers de gendarmerie participent également à ce jeu particulièrement dangereux.

Les plus humbles sont des passeurs discrets et courageux : Madame Pontlevoy dont l’histoire est rapportée par Madame Cordaillat, institutrice, Madame Raymonde Sergent à Saint-Martin-le-Beau, Ernest Villeminot à Bléré au sein d’une équipe de scouts.
Tous ces braves gens font leur devoir simplement et humblement et n’en font pas étalage.

Outre le passage clandestin des personnes, il y a aussi le passage de courrier clandestin destiné au Deuxième Bureau. Gaston Papin est l’un des tout premiers à s’exposer à cet exercice dangereux ; de même le capitaine Morel, qui devait trouver la mort en déportation, transporte-t-il en zone occupée, des explosifs pour la Résistance.

« A Cormery, Monsieur Auger, du réseau Écarlate, est au premier rang des passeurs chevronnés et impétueux. »

Nombreux sont ces passeurs bénévoles qui connaissent la déportation et d’autres, au début de l’occupation tout au moins, la prison de l’école Michelet à Tours.

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